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À découvrir : L'innovation pédagogique au service d'un enjeu de société transversal Article publié à l'hiver 2020

L’Université de Montréal mise sur l’innovation pédagogique dans son plan stratégique

Sylvie Normandeau, vice-rectrice adjointe aux études de premier cycle et à la formation continue.

L’innovation pédagogique constitue une partie intégrante de la mission et de la vision de l’Université de Montréal. Elle soutient la réussite des étudiants, contribue à leur insertion professionnelle et à leur rôle de citoyen. En continuité avec sa planification stratégique 2016-2021, l’Université de Montréal a soutenu l’innovation pédagogique de diverses façons. Sylvie Normandeau nous en propose quelques exemples.

 

1. Pour vous, qu’est-ce que l’innovation pédagogique ?

« L’innovation pédagogique prend des formes diverses dans les programmes, dans les modalités d’apprentissage, ou dans le soutien offert aux enseignants. Un professeur qui innove, ose explorer de nouvelles voies de formation et d’enseignement. Ces voies sont nécessairement différentes d’un professeur à l’autre. 

2. Pouvez-vous donner quelques exemples d’innovation pédagogique ?

Au cours des récentes années, j’ai constaté une augmentation des apprentissages expérientiels intégrés dans divers cours et programmes. Dans certains programmes, c’est même tout un continuum d’apprentissage expérientiel qui est désormais intégré. À un bout du continuum se trouvent les activités que l’on peut effectuer en classe, par exemple, une étude de cas ou des jeux de rôle. À l’autre bout, les stages ou les résidences/internats que les étudiants réalisent en milieu de pratique ou d’intervention. Dans ces contextes d’apprentissage actif, les étudiants sont appelés à mobiliser leurs connaissances et compétences pour les intégrer de façon originale. Je constate aussi un accroissement des approches pédagogiques qui permettent aux étudiants d’être beaucoup plus actifs et autonomes dans leur démarche d’apprentissage. Quand nous sommes actifs dans nos apprentissages, nous sommes plus motivés à apprendre et avons probablement plus de plaisir à le faire. »

3- Vous parlez d’innovation pédagogique comme une occasion de faire vivre aux étudiants des situations d’apprentissage actif. Y a-t-il d’autres formes d’innovation pédagogique ?

L’innovation pédagogique s’inscrit aussi dans la diversification des modalités d’apprentissage qu’on propose aux étudiants dans un programme. La planification stratégique suggère de diversifier les approches pédagogiques et notamment, de permettre aux étudiants de vivre une expérience de cours à distance. À cet effet, au cours des dernières années, nous avons soutenu les professeurs dans le développement de cours entièrement à distance ou hybrides afin de permettre aux étudiants de vivre au moins une fois dans leur formation, l’expérience d’une telle modalité d’apprentissage.

Nous soutenons aussi les équipes qui adoptent une approche programme de la formation, que ce soit dans les programmes par compétence ou dans les programmes par objectifs. Une telle approche programme favorise une plus grande cohérence dans les apprentissages réalisés par les étudiants et une meilleure compréhension du rôle de chaque cours dans l’ensemble de la formation proposée aux étudiants.

Je ne peux passer sous silence l’interdisciplinarité, autre point phare de la planification stratégique. L’Université a placé l’interconnexion des savoirs au cœur de ses enjeux stratégiques tant au plan de la recherche que de l’enseignement. Les laboratoires d’innovation ont été développés avec notamment pour objectif de soutenir cette interdisciplinarité. Avec tous les champs disciplinaires qu’on retrouve à l’Université de Montréal, nous avons un environnement riche pour favoriser des rencontres improbables entre enseignants et étudiants de disciplines diverses. Nous soutenons le développement d’initiatives interdisciplinaires en accompagnant les équipes de professeurs dans l’ensemble de la démarche pédagogique allant de la conception du cours à son déploiement auprès des étudiants. L’intention est d’identifier les ingrédients favorables au développement d’activités interdisciplinaires et de mettre en place les moyens nécessaires pour assurer la pérennité de ces initiatives. Un projet consiste à développer des parcours thématiques qui permettront de mettre en évidence des expertises importantes de l’Université qui répondent aussi à des enjeux de société contemporains. On peut notamment penser au développement durable ou à l’entreprenariat et l’innovation responsable. On peut innover encore plus en développant des programmes interdisciplinaires qui favorisent le développement de compétences transversales. Plus que jamais, le marché de l’emploi recherche des candidats capables de résoudre des problèmes complexes qui exigent d’être abordés sous divers angles disciplinaires. À l’Université, certains programmes tiennent déjà compte de ces nouvelles exigences, mais je crois que nous pourrions aller encore plus loin en identifiant de nouvelles perspectives interdisciplinaires intéressantes à développer.

Sylvie Normandeau, vice-rectrice adjointe aux études de premier cycle et à la formation continue, lors de son allocution devant les nouveaux enseignant(e)s de l’Université de Montréal.

4- L’innovation passe-t-elle nécessairement par les approches pédagogiques ?

L’innovation pédagogique passe aussi par la structure des programmes. Déjà l’Université de Montréal offre une diversité de programmes tant longs (baccalauréats, maîtrises, doctorats) que courts (DESS, microprogrammes, certificats etc.). Mais, nous savons que les étudiants n’ont pas toujours une trajectoire d’apprentissage linéaire. Certains viennent suivre une formation, vont travailler et forts d’une expérience professionnelle, reviennent étudier pour acquérir des connaissances plus spécifiques. Au baccalauréat, nous avons déjà mis en place des moyens pour répondre à ces trajectoires non linéaires. Nous permettons aux étudiants de cumuler trois composantes de certificats, de mineures ou de majeures, en vue d’obtenir un baccalauréat avec appellation, comme le baccalauréat avec appellation sur les « études du phénomène criminel » ou la série de baccalauréats par cumul en gestion développés avec HEC Montréal. Les étudiants choisissent parmi un ensemble défini de programmes la combinaison qui répond le mieux à leurs objectifs de formation. Aux cycles supérieurs, nous pourrions imaginer un programme qui permette aux étudiants d’approfondir une thématique ou une discipline en particulier, et de prendre un complément de formation plus court dans un autre domaine. Il s’agit d’une formule qui pourrait s’avérer intéressante pour la formation continue des professionnels.

5. Avec l’émergence de technologies qui offrent de nouvelles possibilités pour l’apprentissage, comment voyez-vous le rôle de la technopédagogie dans les innovations ?

« Cette même question s’est posée il y a 20 ou 40 ans, comment peut-on utiliser les nouvelles technologies dans les apprentissages des étudiants? Toutefois, la question que nous devrions plutôt nous poser aujourd’hui est : Qu’est-ce que ces technologies/technopédagogies nous permettent désormais de faire autrement ou mieux ? À titre d’exemple, les cours à distance contribuent, entre autres, à développer la numératie chez les étudiants. Un apprentissage particulièrement important. Ils apportent aussi plus de flexibilité à l’horaire des étudiants en leur donnant l’occasion de compléter leurs activités au moment de leur choix sans diminuer pour autant la qualité de leur formation.

Dans la catégorie faire mieux, ces nouvelles technologies nous ouvrent également un tout nouveau monde. Je pense notamment aux apprentissages par simulation, aux laboratoires qui permettent aux étudiants d’apprendre autrement. En sciences infirmières et en médecine, les étudiants peuvent désormais utiliser des mannequins de haute-fidélité technologique pour perfectionner leurs gestes cliniques et développer leur raisonnement clinique. Ainsi programmés par les professeurs pour simuler différents symptômes, ils permettent aux étudiants d’accélérer l’apprentissage des situations qu’ils rencontreront dans leur pratique.

Je pense aussi aux multiples potentiels de la réalité virtuelle. Par exemple, on pourrait créer des environnements qui permettraient aux étudiants en travail social d’entrer dans un domicile pour en faire l’évaluation, en repérant les éléments qui constituent un danger pour les enfants et d’effectuer par la suite une intervention. En sciences infirmières, ils ont déjà développé de tels outils, nous pourrions nous en inspirer. »

6. Comment amène-t-on les enseignants à épouser ce mouvement d’innovation ?

« La formation des étudiants et l’enseignement par les professeurs sont au cœur de la mission universitaire. C’est la responsabilité de tout l’écosystème de l’Université. Toutefois, le CPU y joue un rôle central. Le Centre est là pour aider la communauté à diversifier ses approches pédagogiques, pour soutenir les enseignants dans leur adoption et les accompagner dans leur implantation. J’utilise tous ces verbes parce que c’est une chose de transmettre l’information, mais c’en est une autre d’amener les enseignants à comprendre comment mettre en place de nouvelles approches pédagogiques, et les aider à persister dans l’adoption de ces nouvelles pratiques. Cela exige de les accompagner un peu plus étroitement et non seulement de leur donner des formations. Le CPU peut nous conduire au-delà des innovations pédagogiques. Avec toujours en tête un élément important : le souci de mieux soutenir les étudiants dans leurs apprentissages et de mettre en place les conditions à leur réussite. Le CPU est aussi là pour anticiper les besoins et mettre en place les environnements physiques dans lesquels nous pouvons vivre ces nouvelles approches pédagogiques.

Dernier point sur lequel j’aimerais insister : Je nous invite à développer et préserver une culture de l’innovation pédagogique. Je nous invite à évaluer l’impact que ces innovations pédagogiques ont sur les enseignants et leur capacité à s’approprier ces nouvelles approches, à mesurer les répercussions qu’elles ont sur les étudiants, sur leur persévérance, leur motivation et leur réussite scolaire. Le jour où nous aurons ajouté cette dimension à nos actions, le CPU aura assumé tous les rôles qu’il a à jouer. »

Une introduction de Sylvie Normandeau