Dans la faculté de… Marjolaine Héon Article publié au printemps 2022
L’importance de la première session : une approche concertée à la Faculté des sciences infirmières
« La première session influence l’ensemble du parcours universitaire des étudiants et étudiantes. Il faut les accrocher par le cœur en créant un sentiment d’appartenance et les soutenir dans leurs apprentissages pour favoriser leur réussite académique. »
C’est en ces termes que Mme Marjolaine Héon, vice-doyenne aux études de premier cycle à la Faculté des sciences infirmières, décrit le défi que l’équipe tente de relever chaque année avec plus de 450 nouveaux étudiants et étudiantes aux profils variés. Certains sont inscrits dans un parcours de formation initiale en sciences infirmières, alors que d’autres cheminent dans le parcours intégré DEC‑bac.
Les défis sur le plan pédagogique
Comme dans bon nombre de programmes menant à une profession, l’approche par compétences y est privilégiée. De plus, le recours à des apprentissages par problème à partir de situations infirmières cliniques (APSIC) exige des étudiants et étudiantes une participation active et une plus grande autonomie dans leurs apprentissages. Il s’agit là d’un changement important pour plusieurs d’entre eux par rapport aux modes d’apprentissage antérieurs. Ils sont aussi amenés à utiliser un nouvel outil, les cartes conceptuelles, afin d’établir des liens entre les concepts à l’étude et de développer leur raisonnement clinique.
Par conséquent, la communication des visées pédagogiques du programme et des attentes à la première session demeure un élément essentiel. Mme Héon résume ainsi le contexte :
« Les étudiants sont davantage habitués à une pédagogie axée sur l’enseignement, alors que nous, c’est l’apprentissage actif autonome.
Nous leur expliquons les principes de l’approche par compétences et notre responsable des programmes de 1er cycle leur fournit toute l’information nécessaire sur notre approche d’évaluation des apprentissages. »
Le travail collaboratif en petits groupes, sans possibilité de choisir ses partenaires, peut aussi générer des questionnements chez les étudiants et étudiantes. L’équipe du vice-décanat prend soin de préciser que cette exigence se veut le reflet de la réalité professionnelle alors que l’on ne décide ni de son groupe de travail ni des situations cliniques.
Afin d’offrir un soutien au regard de ces changements, une trousse pédagogique a été élaborée par la professeure Johanne Goudreau et implantée depuis l’automne 2020. Ce projet, financé par le Centre de pédagogie universitaire, comporte présentement six modules accessibles dans StudiUM et aborde les thèmes suivants :
- Approche par compétences et référentiel de compétences du programme
- Autoévaluation des stratégies d’apprentissage de l’apprenant et ressources
- Apprentissage par situation infirmière clinique (APSIC)
- Création de cartes conceptuelles
- Activité de raisonnement clinique
- Défis de l’APSIC
L’importance de l’expérience terrain
Une expérience de stage sera remise en place dès la première session à l’automne 2022, en vue de permettre la validation du choix de carrière tout en étant un premier jalon dans la création de l’identité professionnelle. Comme le fait remarquer Mme Héon :
« Certains étudiants n’ont jamais côtoyé des gens ayant des problèmes de santé et plusieurs n’ont qu’une vague idée du rôle de l’infirmière clinicienne. Il est donc important de créer une identité professionnelle dès le départ par le biais du stage. »
Le rôle de la communication
En parallèle, la Faculté a instauré des mécanismes de communication en continu avec les étudiants et étudiantes. Sur une base bimensuelle, Mme Héon et son équipe rencontrent les représentants de l’Association étudiante (qui regroupe 1 100 étudiants). Ceux-ci leur font part des commentaires recueillis auprès de leurs membres ainsi que des améliorations possibles. Le lien de confiance créé avec l’Association est donc très fort.
Mme Héon souligne aussi le rôle de la direction pour favoriser l’intégration des étudiantes et étudiants tout en encourageant l’engagement du corps professoral auprès des nouvelles cohortes.
« La doyenne de la Faculté et moi avons rencontré l’ensemble des cohortes cet hiver. Nous souhaitons vraiment établir un lien de proximité avec les étudiants et étudiantes. La doyenne partage aussi sa vision du rôle attendu des professeurs, les invitant à enseigner au 1er cycle, car elle considère l’impact significatif qu’ils peuvent avoir sur le parcours des étudiants et étudiantes. Ils peuvent leur donner un souffle, être une inspiration pour leur carrière. »
Une vision de la formation
C’est donc une vision globale de la formation qui doit transparaître dès la première session. Avec conviction et enthousiasme, Mme Héon l’exprime en ces termes :
« C’est un point de départ, les connaissances vont continuer de se développer, les technologies vont continuer à avancer. Il faut former des professionnels autonomes, capables de poursuivre le développement de leurs compétences, des diplômés qui vont être en mesure de répondre aux besoins de la population québécoise et de contribuer au réseau de la santé et des services sociaux. »
Des pistes pour d’autres programmes
Mme Héon est convaincue que le questionnement en continu au sein de l’équipe facultaire et les actions ciblées à la première session font une différence. Ces réflexions peuvent inspirer d’autres équipes. En toute collégialité, Mme Héon partage ainsi quelques conseils :
« Il est important de connaître les étudiants, de savoir d’où ils viennent, de clarifier les attentes dans les cours, d’être généreux dans sa rétroaction, et ce, de manière régulière, ainsi que de se doter de mécanismes de communication avec les étudiants. »
De plus, elle n’hésite pas à parler de la présence précieuse de la direction et de la passion des professeurs et des chargés de cours. En se référant à son propre parcours, elle souligne :
« Si je suis rendue ici aujourd’hui, c’est parce que j’ai eu des professeurs passionnés. Les professeurs et les chargés de cours ont le pouvoir de susciter des passions. Il faut encourager les étudiants, maintenir leur motivation au‑delà même de ce qui est académique. »
Il va sans dire que l’on ne peut douter de l’engagement de Mme Héon et de toute l’équipe de la Faculté des sciences infirmières pour faire de la première session au baccalauréat un point d’ancrage fort.