Le recours au mode hybride dans nos programmes : une solution réfléchie
L’enseignement en mode hybride peut se décliner sous de multiples formes, comme l’illustrent ces trois témoignages.
L’hybridité dans les cours de langues
Le défi d’un cours de langue étrangère est de favoriser les conversations. Comment créer des contextes d’utilisation de la langue allemande proches du quotidien ? Ulrike Kugler, enseignante d’expérience et coordonnatrice de cours d’allemand au Centre de langues, donne des cours à des groupes de 16 à 32 étudiants et étudiantes. Au cours de la session, elle a choisi de faire deux séances à distance en mode synchrone afin d’enrichir l’expérience d’apprentissage.
À son avis, « certains sujets abordés dans les cours, par exemple décrire la pièce où chacun ou chacune se trouve, montrer et parler de la nourriture dans leur cuisine ou de leurs vêtements préférés, se prêtent parfaitement à être enseignés à distance et ajoutent un volet personnel et spontané ». Ainsi, de multiples structures de grammaire et de vocabulaire peuvent être pratiquées de manière ludique.
Outre les activités en présentiel et synchrones, Ulrike Kugler fait appel à une diversité d’applications en ligne telles que Quizlet pour les jeux questionnaires, Kahoot! pour la révision de contenu et Miro pour le remue-méninges.
Ces séances sont très appréciées, car elles favorisent les interactions dans un contexte cordial.
Ulrike Kugler ajoute : « Je suis fière de voir que mes étudiants et étudiantes aiment les séances à distance. Ils s’amusent au cours des rencontres et travaillent avec de vrais objets de leur quotidien tout en apprenant à se connaître les uns les autres. »
Certes, il y a un ajustement nécessaire afin de trouver un espace sur le campus, si jamais la rencontre est précédée ou suivie d’un cours en présentiel. Cependant, les avantages sont plus grands dans l’ensemble.
Soutenir l’apprentissage des mathématiques en mode hybride
La matière dans un cours de 1re année d’algèbre linéaire est dense. Comment assurer la maîtrise de contenus essentiels pour les 300 à 400 étudiantes et étudiants inscrits, mais avec des bases inégales en mathématiques ? Les plus timides ou celles et ceux qui sont en plus grande difficulté n’oseront pas toujours poser des questions en classe.
Karima Amoura, enseignante au Département de mathématiques et de statistique, parle avec enthousiasme de la création d’un espace en ligne consacré à une portion des apprentissages dans le cours MAT 1600. Ce cours hybride permet un accompagnement personnalisé. Chacun et chacune peut ainsi y aller à son rythme en fonction de ses difficultés.
C’est en 2016 que cet environnement a été rendu accessible dans StudiUM. Il est le fruit d’une réflexion pédagogique importante et d’une collaboration entre une équipe enseignante de son département et l’équipe des stratégies numériques de la Faculté des arts et des sciences. Une série d’activités a été conçue, incluant des présentations PowerPoint, des capsules vidéo et des exercices. Selon Karima Amoura : « Le matériel pédagogique produit devait être original et de grande qualité par rapport à ce que les étudiants et étudiantes pourraient trouver dans d’autres ressources en ligne, comme YouTube. »
Bien que ces activités ne soient pas notées, le message formulé au début de session puis sur une base hebdomadaire est clair : les exercices doivent être faits pour la compréhension de la matière. L’encadrement par les auxiliaires en ligne demeure crucial et un forum de discussion permet aux étudiants et étudiantes de poser des questions et de recevoir des réponses. Il devient alors possible de progresser dans un environnement convivial.
Ainsi, au cours d’une semaine, il y a l’équivalent de deux heures en apprentissage autonome de même qu’une séance de deux heures en présentiel consacrée à des problèmes plus complexes.
Karima Amoura ajoute que l’effort investi dans le développement de cet environnement a valu la peine. Le soutien aux étudiants et étudiantes est optimisé et il devient plus facile d’approfondir la matière en classe. D’ailleurs, leurs commentaires s’avèrent positifs et la majorité complète les activités proposées.
Elle conclut : « Ce qui me rend fière, c’est d’avoir participé à la conception de ce cours hybride. Ce dernier fait partie intégrante de mon enseignement. L’objectif, dorénavant, c’est d’assurer la constante amélioration de ce cours pour permettre aux étudiants et étudiantes de bénéficier du meilleur enseignement possible. »
Une formule originale adaptée au contexte professionnel
Comment susciter l’intérêt de plus d’une centaine de professionnels et professionnelles pour un cours d’épidémiologie dans le programme de maîtrise en santé publique ? C’est la question à laquelle Bernard-Simon Leclerc, professeur à l’École de santé publique, tente de répondre par une formule originale.
Mettant à profit sa grande expertise dans l’élaboration de cours à distance pour des organismes gouvernementaux ainsi qu’à l’université, il a élaboré un cours entièrement à distance à l’automne 2017 avec le soutien d’une auxiliaire d’enseignement. Ce cours bien structuré (sans l’utilisation de technologie complexe) inclut des PowerPoint avec narration, des documents en format PDF, des capsules vidéo, des jeux questionnaires et autres.
La particularité, c’est que ce cours est offert simultanément en mode présentiel. Au début de la session et tout au long de celle-ci, il offre la possibilité aux étudiants et étudiantes de suivre le cours en classe ou en ligne – les deux contenus étant identiques. Bernard-Simon Leclerc souligne d’ailleurs que les étudiants et étudiantes sont très à l’aise avec les outils en ligne : « J’ai vu une différence, y compris pour moi, après la pandémie. »
Cette dualité de modalités ne pose pas de problèmes particuliers pour les travaux d’équipe. Peu importe leur choix, les étudiantes et étudiants peuvent travailler ensemble. Au besoin, Bernard-Simon Leclerc crée des équipes à partir du profil que ceux-ci lui auront fourni. L’évaluation du cours comme tel inclut une dizaine de travaux pratiques ainsi que trois examens en ligne.
L’accueil des étudiantes et étudiants à ce choix de modalité est très favorable puisqu’ils peuvent opter individuellement pour celle qui leur convient le mieux. Sur une cohorte d’une centaine de professionnelles et professionnels, une trentaine restent présents en classe jusqu’à la fin de la session. Bon nombre d’entre eux finissent par adopter la version en ligne parce que le cours est bien structuré, dynamique et divertissant.
Avec enthousiasme et fierté, Bernard-Simon Leclerc avoue : « J’ai un attachement pour ce cours. Mon but, c’est de leur faire adopter cette discipline et qu’ils perçoivent que la matière est utile à leur travail. »
Le choix de l’hybridité
Avec des modalités privilégiées distinctes, ces trois exemples illustrent bien une démarche hybride qui s’adapte aux objectifs propres d’une discipline, au profil du groupe et au niveau d’études en tenant compte des ressources institutionnelles accessibles. Vraisemblablement, la satisfaction est partagée tant par les trois interlocuteurs que par leurs étudiants et étudiantes.
Crédits photo
- Centre de pédagogie universitaire (CPU)
- Bureau des communications et des relations publiques (BCRP)
- École de santé publique (ESPUM)