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Choisir les modalités d’enseignement optimales pour les cours et les programmes de l’UdeM Par Bruno Poellhuber

Portrait de Bruno Poellhuber

Avec l’ensemble des nouveaux membres de la communauté étudiante de l’UdeM qui viennent tout juste de découvrir leur nouvel environnement, la fébrilité de cette rentrée est encore bien palpable et la période pandémique nous semble bien loin. Depuis celle-ci, pourtant, un certain nombre de choses ont changé puisqu’elle a engendré l’expérimentation de différentes modalités de formation à distance. Ceci a mis de l’avant leurs différents avantages et défis. La flexibilité est d’ailleurs l’un de ses principaux avantages et la communauté étudiante l’a bien compris et souhaite maintenant la conserver, du moins, en partie.

Devant la panoplie des choix de modalités de formation (voir la classification en vigueur à l’Université de Montréal), il est temps de s’interroger sur celles qui seraient les plus susceptibles d’engager la communauté étudiante dans le succès de leurs études.

C’est la formation à distance (FAD) asynchrone qui offre l’une des plus importantes flexibilités spatiale et temporelle. Elle exige toutefois un temps de préparation et de conception de cours important, et elle est aussi associée à des taux d’abandon élevés, à un sentiment d’isolement et à une diminution de l’engagement et de la motivation des étudiantes et étudiants lorsqu’elle est utilisée de manière unilatérale (Gedera et al., 2015). Un recours partiel à cette modalité fait toutefois partie intégrante de la classe inversée, un mode particulier de formation hybride qui s’avère particulièrement efficace selon les plus récents résultats de recherche (Hattie, 2023). Le CPU a déjà produit plusieurs écrits sur ce thème spécifique et offre également des formations.

La formation à distance synchrone est un mode de formation où la classe suit un cours selon un horaire déterminé à l’aide d’une plateforme parfois nommée classe virtuelle qui permet la communication en temps réel (p. ex., Zoom, Teams, etc.). Elle entraîne des contraintes horaires, mais permet encore une grande flexibilité quant à l’endroit d’où peuvent être suivis les cours. Grâce à la possibilité de voir les personnes qui y participent par la vidéo et d’interagir avec elles au moyen de différentes modalités (clavardage, état, vote, sondage, etc.), la FAD synchrone véhicule davantage la perception de « présence transactionnelle » que l’asynchrone. De plus, elle exige moins d’efforts de conception et permet une expérience interactive pourvu que l’enseignant ou l’enseignante utilise des fonctionnalités d’interactivité à sa disposition (Correia, 2020).

La FAD synchrone présente encore certains défis tels que des problèmes d’accès avec des équipements inadéquats et une mauvaise connectivité Internet. Les débats sur la question des caméras fermées et de la participation étudiante soulèvent encore quelques débats et, dans ce contexte, le personnel enseignant doit idéalement créer de nombreuses occasions d’interactions et de contacts avec et entre les étudiantes et étudiants.

L’enseignement en présentiel est particulièrement adapté pour éviter un sentiment d’isolement et pour créer un sentiment d’appartenance (Garrison, 2016) ou pour développer des compétences de collaboration et de communication. Encore faut-il l’adapter en conséquence, car l’enseignement magistral utilisé unilatéralement est carrément inefficace (Hattie, 2023). L’introduction de courtes activités d’apprentissage coopératif, de méthodes d’apprentissage actif (p. ex., l’approche par problèmes), de nombreuses rétroactions en lien avec des attentes claires et des occasions d’interactions et de communication peuvent pallier ses manques (Hattie, 2015).

La formation hybride correspond à une combinaison de séances ou de cours en présentiel et à distance de manière synchrone ou asynchrone dans le cadre d’un cours ou d’un programme. Les programmes hybrides contribuent de manière significative à la réussite et à la diplomation. Le rapport optimal de cours à distance et en présence devrait se situer à autour de 30 % (Shea, 2016). Lorsqu’elle est bien planifiée et développée, la formation hybride peut combiner plusieurs des avantages de la FAD (notamment en termes de flexibilité et d’accessibilité) et de la formation en présentiel, tout en palliant les principaux désavantages de ces deux modes de formation.

Quelles modalités d’enseignement choisir pour les cours et les programmes à l’Université de Montréal ? La réponse à cette question est complexe. Pour pouvoir y répondre adéquatement, il faut non seulement réfléchir aux modalités les plus appropriées à chacune des étapes de nos cours et programmes, mais également analyser les caractéristiques de nos programmes. Dans cette perspective, la formation hybride à l’échelle des cours comme des programmes pourrait correspondre à la combinaison optimale dans de nombreux cas. Encore faut-il apprendre à la concevoir et à la mener efficacement, mais le CPU est là pour ça !

Références

Correia, A.-P., Liu, C., & Xu, F. (2020). Evaluating videoconferencing systems for the quality of the educational experience. Distance Education, 41(4), 429–452. https://doi.org/10.1080/01587919.2020.1821607

Garrison, D. R. (2016). E-learning in the 21st century: A community of inquiry framework for research and practice (3e éd.). Routledge.

Gedera, D., Williams, J., & Wright, N. (2015). Identifying factors influencing students’ motivation and engagement in online courses. Dans Koh, C.(dir.), Motivation, leadership and curriculum design: Engaging the net generation and 21st century learners (1re éd., 13-23), Springer Singapore.

Hattie, J. (2015). The applicability of visible learning to higher education. Scholarship of teaching and learning in psychology, 1(1), 79-91. https://psycnet.apa.org/doi/10.1037/stl0000021

Hattie, J. (2023). Visible learning: The sequel: A synthesis of over 2,100 meta-analyses relating to achievement (1re éd.). Routledge. https://doi.org/10.4324/9781003380542

Attention : Certaines ressources requièrent le proxy des bibliothèques de l’Université de Montréal pour y accéder. Voir le soutien informatique des bibliothèques pour plus d’information.

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