Claude Martel : Bonjour Guylaine.

Guylaine Gauthier : Bonjour Claude.

Claude Martel : On nous a proposé de répondre à des questions qui nous ont été offertes. Te prêtes-tu au jeu ? Volontiers. Donc on pige la première question ?

Guylaine Gauthier : Et sur quoi portent les questions Claude ?

Claude Martel : La pédagogie universitaire, bien sûr, et l'évaluation.

Guylaine Gauthier : Excellent !

Claude Martel : Bon, nous avons une question pour toi Guylaine. Donc la question c'est « Est-ce que les QCM, des questions à choix multiples, sont une bonne méthode d'évaluation ? »

Guylaine Gauthier : Ok. Oui et non, mais je vais élaborer Claude. En fait, c'est qu'il y a aucune méthode d'évaluation qui est mauvaise en soi. Tout dépend des objectifs d'apprentissage qu'on poursuit. Si par exemple, tu souhaites évaluer la mémorisation ou le degré de mémorisation des contenus auprès des étudiants, les QCM sont tout à fait adéquats. Mais est-ce qu'un cours universitaire peut ou veut se contenter de vérifier la capacité à mémoriser chez les étudiants ?

Guylaine Gauthier : Je pense que poser la question, c'est y répondre.

Claude Martel : C'est clairement non.

Guylaine Gauthier : C'est clairement non, on veut vraiment aller plus loin. On veut aller vérifier des capacités de plus haut niveau. On vise l'analyse, la synthèse, l'évaluation, la réflexion par exemple. Donc les QCM sont intéressants, mais ils vont concourir à l'atteinte d'objectifs intermédiaires si je puis dire. Donc, on va aller vérifier la maîtrise des contenus qui sont essentiels à l'atteinte de compétences de plus haut niveau.

Guylaine Gauthier : J'ajouterai un autre élément : les stratégies d'étude. Il faut y penser à ça aussi. Donc si on présente des QCM aux étudiants, que vont-ils faire ? Ils vont ajuster leurs stratégies d'étude en fonction de cette méthode d'évaluation et donc ils vont se contenter, si je puis dire, de retenir l'information à court terme pour réussir l'examen. Et c'est d'autant plus vrai s'ils n'ont aucun accès à la documentation durant l'évaluation.

Claude Martel : Donc, en résumé il faut s'assurer que nos évaluations sont bien alignées avec les objectifs ou les compétences du cours, s'assurer qu'ils sont du bon niveau et ensuite, de fournir une très bonne rétroaction qui va permettre à ceux qui ont moins bien compris de rejoindre le groupe des connaissances.

Guylaine Gauthier : Et on peut penser qu'une activité préparatoire à l'évaluation pourrait être aussi intéressante. Ça permet à l'enseignant de savoir si les étudiants ont bien compris, bien assimilé la matière enseignée. Ça offre une rétroaction aussi à l'enseignant sur son enseignement. Qu’en dis-tu ?

Claude Martel : Bien, c'est une excellente idée. Il y a beaucoup de professeurs qui au début de chaque cours, font un petit résumé, un petit test avec les étudiants pour revenir sur les notions précédentes. On peut utiliser les outils de vote électronique dans ce sens-là pour dire à la dernière session, on a couvert tel point, tel point, tel point.

Claude Martel : Et là, on voit que les étudiants qui ont compris et non compris et on peut réagir. On peut même faire des rétroactions en groupe : « Pour ceux qui ont répondu à cette question-là, voici ce que vous auriez dû comprendre et non pas ce concept-là peut-être plus ambigu » et de clarifier les concepts au fur et à mesure.

Guylaine Gauthier : Super !

Claude Martel : Ah ! Question parfaite pour toi Guylaine : « Quel concept dois-je garder en tête pour guider la planification de mes évaluations ? »

Guylaine Gauthier : Je vais essayer de faire court. J'en ai trois en tête. Le premier concept en fait à garder en tête, c'est celui de l'alignement pédagogique, c'est-à-dire la mise en cohérence des évaluations, des activités, des contenus avec les objectifs d'apprentissage, bien évidemment. Donc, il est important que les évaluations viennent vérifier le degré d'atteinte d'un objectif ou de plusieurs objectifs, ça dépend.

Guylaine Gauthier : Prenons l'exemple du résumé de texte. Un cas, une méthode classique beaucoup utilisée à l'université. Est-elle adéquate ? Tout dépend. Si on a un objectif de niveau « compréhension », c'est très bien, la méthode fonctionne. Si on a un objectif de niveau « application », mise en pratique, le résumé ne convient pas du tout.

Claude Martel : Je ne connais pas beaucoup de travail qui ont comme tâche de résumer les textes.

Guylaine Gauthier : Tu as bien raison, c'est très vrai. Je vais poursuivre en disant, bon, j'ai parlé de l'alignement pédagogique, mais les objectifs d'apprentissage, je vais glisser un petit mot là-dessus. Ils doivent être bien formulés pour bien guider la planification des évaluations. Donc des verbes flous comme savoir, comprendre, connaître peuvent difficilement guider la planification des évaluations. Donc il faut vraiment un verbe précis.

Guylaine Gauthier : L'objectif doit décrire ce que les étudiants vont être capables de faire ou de démontrer avec les contenus enseignés à la fin du cours.

Claude Martel : Il faut que l'étudiant soit capable de comprendre à quoi s'attendre à la fin.

Guylaine Gauthier : Exactement. Donc ça, c'est le premier concept à avoir en tête. C'est vraiment le plus important, mais je veux en ajouter deux autres, je vais me permettre. Le second, je vais le nommer comme ça, à défaut d'un meilleur terme, c'est la priorisation. C'est qu’il faut accepter qu'on ne peut pas tout évaluer. Donc des listes d'objectifs sans fin, il faut éviter ça.

Guylaine Gauthier : On se concentre sur cinq, six ou sept apprentissages que l'on va enseigner et que l'on va évaluer. Donc, bien important ici d'établir ses priorités.

Claude Martel : Même si c'est évident, si on a une liste trop grande d'objectifs, c'est que probablement qu'on évalue des choses de façon trop granulaire.

Guylaine Gauthier : Exactement et ça peut générer de la démotivation chez les étudiants, ça ne favorise pas des apprentissages en profondeur durables à garder en tête. Mais j'en ai un autre : l'authenticité, je vais le nommer comme ça. Je m'explique : c'est quand on veut évaluer des capacités de haut niveau, des compétences, l'évaluation en situation authentique est la réponse bien souvent.

Guylaine Gauthier : Et qu'est-ce qu'une évaluation en situation authentique ?

Claude Martel : Une qui se rapproche de la réalité de ce qui doit être accompli à la fin ou dans la profession.

Guylaine Gauthier : Exactement et bien souvent aussi, le travail en équipe peut être adéquat avec ce type d'évaluation. C'est très motivant, ça donne du sens. Alors voilà un autre concept à garder en tête.

Claude Martel : Et on le voit souvent dans les grandes facultés comme médecine ou sciences infirmières où ils passent des périodes de stage, tout est plus authentique possible pour faire le transfert des connaissances et des compétences.

Guylaine Gauthier : Mais je pense que ça s'applique à tous les programmes, vraiment.

Claude Martel : Tout à fait.

Guylaine Gauthier : Alors trois concepts : alignement pédagogique, priorité des objectifs bien ciblés et l'authenticité. Voilà.

Claude Martel : Très bien.

Claude Martel : Bon, une question pour nous deux. Donc : « Je ne sais pas par où commencer. Vers qui puis-je me tourner pour obtenir de l'aide avec mes évaluations ? » Je vais commencer sur celle-là. Donc bien sûr, la partie la plus simple, c'est de s’adresser au CPU. Le CPU offre des formations spécifiques, des programmes de formation pour les professeurs qui permettent de bâtir la boîte à outils d'évaluation.

Claude Martel : Souvent, quand on commence à enseigner, on se rappelle comment nos professeurs ont enseigné, mais il y a une panoplie d'évaluations disponibles et le CPU se fait un grand plaisir d'élargir cette boîte à outils des professeurs. Donc, je pense que c'est la première étape, c'est adressez-vous au CPU, regardez dans le catalogue et les calendriers de formation et inscrivez-vous sur les cours d'évaluation.

Guylaine Gauthier : Tellement ! Et on a plein de ressources aussi sur l'évaluation sur notre site web. Donc j'invite les enseignants à les consulter. J'ajouterai autre chose Claude, je dirais : tournez-vous vers vos pairs. Ici, j'aimerais envoyer un message aux programmes, c'est-à-dire j'insiste sur l'importance de mettre en place des mécanismes de concertation, des lieux d'échange à l'intérieur d'un programme.

Guylaine Gauthier : On vient briser l'isolement des enseignants, on assure comme ça aussi l'amélioration continue et la cohérence du programme. Et ça, c'est un gage de qualité de la formation. Et la collaboration entre enseignants est aussi propice à l'innovation en évaluation.

Claude Martel : Tout à fait. Et en plus, ça peut éviter aussi les surcharges pour les étudiants en désynchronisant les évaluations, en ayant des évaluations différentes où ce n'est pas tout le monde qui donne en même temps un travail de 25 pages à écrire en même temps.

Guylaine Gauthier : On peut appliquer le principe de variété à l'intérieur d'un trimestre, voire d'un programme, c'est souhaitable. Donc, dès lors, on ne peut pas de se contenter de garder nos évaluations telles qu'elles étaient il y a dix ans. Le domaine de connaissances a évolué, le monde professionnel a évolué et les questions d'actualité varient au fil du temps.

Claude Martel : Oui, le monde a changé. Et il continuera à changer à une vitesse folle, il faut que nos évaluations évoluent avec eux.

Guylaine Gauthier : Bien d'accord.

Claude Martel : Merci Guylaine pour avoir participé avec moi à cette belle expérience. Ça été agréable de ton côté ?

Guylaine Gauthier : Vraiment. Oui, un peu intimidée par les caméras, mais ça va.

Claude Martel : Bien, c'est une expérience qu'on devrait recommencer bientôt.

Guylaine Gauthier : Bien d'accord.

Claude Martel : Donc merci tout le monde de nous avoir écoutés. Et vous avez des questions suivant le vidéo qui pourrait vous permettre de continuer la progression sur l'évaluation.