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Réflexion de Juan Torres sur les grands groupes

L’enseignement en grand groupe amène son lot de défis, mais apporte aussi, avec les bonnes stratégies, beaucoup d’occasions pour l’enseignante ou l’enseignant. Découvrez la réflexion de Juan Torres, professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage et vice-recteur adjoint aux études de premier cycle et à la formation continue.

Transcription

Bonjour, je m’appelle Juan Torres, je suis vice-recteur adjoint aux études de premier cycle et à la formation continue et professeur en urbanisme à l’Université de Montréal. C’est un plaisir de vous parler d’enseignement et plus particulièrement d’une forme d’enseignement qui suscite souvent des appréhensions, soit l’enseignement en grand groupe.

Ces appréhensions peuvent être fondées, car on entend souvent à l’égard des cours avec un effectif étudiant nombreux, des choses plutôt négatives : monotonie, passivité, perte de motivation, désengagement, même frustration des étudiantes et des étudiants. Mais au-delà des appréhensions, avec une bonne préparation comme toute autre activité pédagogique, nous pouvons aussi apprécier l’enseignement en grand groupe et même y avoir beaucoup de plaisir.

Mais avant d’aller plus loin, il serait utile de définir ce qu’est un grand groupe. On s’entendrait pour dire qu’un cours en présence avec plus d’une centaine de personnes étudiantes est déjà un grand groupe. D’ailleurs, nos salles de cours à l’Université de Montréal sont classifiées en fonction de ces seuils de capacité. Mais pourrions-nous dire que 90, 60 étudiant(e)s ou moins forment déjà un grand groupe? La réponse va probablement varier en fonction du cycle de formation : qu’on soit au baccalauréat, à la maîtrise ou au doctorat. Il va varier aussi en fonction de la culture départementale ou de la discipline, ainsi qu’en fonction du mode d’enseignement : en présence, à distance, synchrone, asynchrone.

Dans tous les cas, la constitution des grands groupes est présentée généralement comme une stratégie de gestion académique dans un but d’optimiser nos ressources. Il s’agit de permettre au plus grand nombre de personnes de bénéficier de l’enseignement dispensé par une ou un enseignant. Or, une telle rationalité, bien qu’elle soit juste, est incomplète. L’intérêt des grands groupes peut se trouver aussi ailleurs : dans la possibilité de vivre une expérience d’apprentissage à la fois collective et transformatrice. Que pouvons-nous faire dans des grands groupes que nous ne pourrions pas faire autrement? Quelle est la valeur ajoutée d’être nombreux et nombreuses à vivre en même temps une activité d’apprentissage?

Je vais me permettre de mettre mon chapeau d’urbaniste pour réfléchir en cherchant les mesures qui permettent de maximiser l’expérience positive lorsqu’on fait partie d’une foule. Par exemple, il y a l’efficacité de transmettre un même message à un grand nombre de personnes en assurant sa consistance. Il y a aussi la possibilité de réunir toute une cohorte d’un programme, puis contribuer à cette culture de groupe, à cet esprit de « gang ». La force du nombre veut souvent dire aussi la force de la diversité de réseautage. Souvent dans les grands groupes, on peut se retrouver avec des étudiantes et des étudiants qui viennent de différents programmes, c’est-à-dire qui s’intéressent à la même matière, mais à partir de perspectives disciplinaires très variées.

Il s’agit en quelque sorte de permettre aux personnes étudiantes de participer à une activité collective avec un grand nombre d’autres personnes et en même temps faire sentir à chaque personne qu’elle est accompagnée de manière personnalisée, soutenue par l’enseignante ou l’enseignant, mais aussi par les autres personnes qui participent à cette expérience. C’est important donc d’utiliser le système acoustique de manière optimale pour permettre à tout le monde d’avoir une bonne perception et également de se servir de la projection multiécran, par exemple, ou ajuster la taille des éléments qu’on projette pour qu’ils soient visibles à partir de n’importe quel point dans la salle.

Comme dans d’autres types de cours, il est important de prendre en compte la durée d’attention attendue des étudiantes et des étudiants, puis alterner justement les situations en permettant, par exemple, les exposés magistraux de se succéder pour instaurer un rythme intéressant dans notre cours, poser des questions, poser des questions qui peuvent être répondues, par exemple, à main levée ou de manière anonyme avec des télévoteurs ou par d’autres dispositifs aujourd’hui disponibles. Cette diversité d’activités peut permettre aux participants et aux participantes de manipuler les concepts présentés, de se les approprier en plus de détendre l’atmosphère en ajoutant un volet qui peut être ludique. Cette interaction permet aussi aux personnes étudiantes de mettre en valeur leurs expériences, leurs idées.

Il peut être utile également de gérer les interactions qui ont lieu en dehors de temps de cours et qui, compte tenu du volume, peuvent être quand même assez chronophages. Des forums virtuels, des moments dédiés au début ou à la fin de certaines séances de cours ou même des mécanismes de prise de rendez-vous en ligne peuvent être des solutions utiles. Dans tous les cas, une chose est sûre : plus les consignes seront claires dès la première séance de cours, moins les situations seront frustrantes.

 

Au nom du VRAEE et au nom du CPU, je vous souhaite un bon cours, en grand groupe.