Passer au contenu

/ Centre de pédagogie universitaire

Je donne

Rechercher

Dynamiser l’enseignement en grand groupe

En toute collégialité, trois membres du corps professoral ont accepté de partager leur expérience et leurs stratégies d’enseignement à de grands groupes. À ces témoignages, s’ajoute une voix étudiante, celle d’Alecsandre Sauvé-Lacoursière, secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM).

S’adapter aux grands groupes grâce à des activités interactives

Guy Rousseau
Professeur titulaire
Département de pharmacologie et physiologie de la Faculté de médecine (1)
Portrait de Guy Rousseau

Professeur titulaire à la Faculté de médecine depuis plus d’une vingtaine d’années, Guy Rousseau donne régulièrement des cours à de grands groupes. Son témoignage se centre plus spécifiquement sur son approche dans le cours de statistique en sciences biomédicales dispensé à environ 150 étudiants et étudiantes de première année au baccalauréat. Il y intervient pendant deux séances.

Malgré ses années d’expérience, il avoue que l’enseignement à de grands groupes demeure un peu intimidant, mais que c’est tout de même un défi pédagogique stimulant. Ses cours, sous forme magistrale, sont régulièrement entrecoupés par des activités qui suscitent la participation de tous et de toutes. Notamment, il aime recourir à WooClap, une application interactive, pour valider la compréhension d’une notion : par exemple, pour désigner quel médicament représente la courbe à l’écran !

En parallèle, Guy Rousseau insiste sur l’importance de demeurer attentif aux questions posées, car, dans certains cas, les prémisses peuvent être fausses. Il veille alors à bien reprendre la question en faisant les ajustements nécessaires afin d’y répondre correctement. Il tient ainsi à éviter les malentendus, puisque l’information devient plus difficile à corriger par la suite auprès d’une si grande classe.

Au fil des années, il veille aussi à la coordination d’une offre de plus de 660 cartes de dialogue dans StudiUM. Élaborées par les étudiants et étudiantes pour réviser les notions du cours, ces cartes sont agrémentées d’images pour donner une dimension ludique à la révision. Avec l’approbation des groupes et celle du corps professoral du programme, elles sont par la suite partagées. Guy Rousseau a aussi créé des vidéos interactives pour améliorer la compréhension des notions à l’extérieur des séances de cours, mettant ainsi à profit son goût pour la nouveauté et la dimension ludique dans l’apprentissage.

Somme toute, selon Guy Rousseau, il est possible d’éprouver du plaisir avec un grand groupe en veillant à rester soi-même et en faisant l’essai d’activités interactives ludiques qui sortent des sentiers battus.

Un enseignement stimulant en début de formation

Frédéric Mérand
Directeur du département de science politique de la Faculté des arts et des sciences (2)
Portrait de Frédéric Mérand

Frédéric Mérand, professeur titulaire au Département de science politique, parle avec enthousiasme du cours qu’il donne avec son collègue, Martin Carrier. Ce cours de première année réunit les 500 nouveaux étudiants et étudiantes du programme pour leur fournir ainsi une base de connaissances uniforme en début de formation. Puisque ce cours est donné par des membres du corps professoral qui enseignent et qui font de la recherche, la matière dispensée devient aussi un atout pour la nouvelle cohorte, car elle est alors au fait des dernières recherches et développements dans le domaine. De cette façon, l’intérêt pour la discipline s’ancre plus profondément. De plus, en dégageant des ressources professorales, sept ou huit auxiliaires d’enseignement peuvent être engagés.

Chaque séance est répartie en deux temps. La première, en amphithéâtre, prend la forme d’une présentation plus formelle. Pour assurer une variété dans la prestation, l’un des deux enseignants utilise des diapositives PowerPoint avec des images, l’autre avec des mots clés. Ainsi, lors de la prise de notes, les étudiants et étudiantes doivent apprendre à reconnaître les propos importants. Des extraits musicaux et littéraires, par exemple, un roman, peuvent aussi être présentés pour démontrer que la politique et l’expression des arts sont liées.

La dernière heure du cours se déroule en sous-groupes. Un ou une auxiliaire en assure la supervision selon une formule qui peut varier, par exemple : un débat, une simulation, un jeu de rôle, une étude de cas, l’interprétation d’un texte avec des concepts plus complexes, un remue-méninge en prévision de la rédaction d’un essai ou une rétroaction de la correction d’une évaluation.

Donnant ce cours depuis 2005, Frédéric Mérand avoue adorer l’enseignement à de très grands groupes où l’on retrouve une énergie particulière. De plus, il souligne la belle responsabilité qu’est de pouvoir donner la couleur du programme à une nouvelle cohorte.

Il rappelle aussi que parmi les 100 cours offerts dans les programmes de science politique, il est bon de multiplier les formes pédagogiques auprès de la communauté étudiante. Il y en a un choix incroyable (p. ex., cours en amphithéâtre, voyage à l’étranger, séminaire et autres).

L’importance du lien dans un groupe virtuel

Susan Dalton
Professeure agrégée
Département d'histoire de la Faculté des arts et des sciences (3)
Portrait de Susan Dalton

Professeure agrégée au Département d’histoire, Susan Dalton donne un cours sur l’histoire de l’Europe moderne à environ 130 étudiants et étudiantes de première année au baccalauréat. D’abord donné en mode présentiel, ce cours est maintenant offert en ligne avec le soutien de quatre auxiliaires d’enseignement et quatre séances sont en mode synchrone.

La structure de ce cours en ligne présente de grandes similarités avec le cours qu’elle donnait en présentiel. Au début de la session, elle rencontre le groupe en utilisant la plateforme Zoom, puis, chaque semaine, plusieurs activités doivent être réalisées, dont le visionnement de deux à trois capsules vidéo d’un maximum de trente minutes chacune, suivi d’un quiz pour valider la compréhension. Parmi les outils utilisés, elle mentionne Perusall (pour l’annotation de textes), le forum dans StudiUM et le vote électronique. Il est essentiel que la matière soit présentée de façon structurée et aérée, sans se perdre dans trop de détails, un enjeu clé pour certains étudiants et étudiantes. Veillant à l’équité pour tous et toutes, elle fournit notamment des consignes détaillées pour l’évaluation et des grilles de correction à ses auxiliaires. Un groupe Teams pour les auxiliaires a été créé dans cette optique.

À quatre reprises au cours de la session, des ateliers en mode synchrone regroupant chacun une douzaine d’étudiants et d’étudiantes sont animés par un ou une auxiliaire ainsi que par Susan Dalton. Les sujets varient : ce peut être la préparation d’un travail dirigé ou la révision en prévision de l’examen.

Malgré la distance, les étudiants et étudiantes demeurent bien encadrés dans leur progression, même si le contact en présentiel est plus facile et la rétroaction plus rapide. Selon Susan Dalton, l’enseignement doit avant tout être envisagé comme une relation à établir. Certes, elle s’avère hiérarchique, mais empreinte de confiance. Il faut protéger ce lien.

Le regard des étudiants et étudiantes

Alecsandre Sauvé-Lacoursière
Secrétaire général
Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM) (4)
Portrait d'Alecsandre Sauvé-Lacoursière

Selon Alecsandre Sauvé-Lacoursière, secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAECUM), la communauté étudiante peut trouver difficile le manque de personnalisation de l’enseignement dans un grand groupe. Pour faire face à cet enjeu, une organisation plus grande du cours est nécessaire tout en veillant à fournir des consignes très claires.

Il souligne aussi que le contexte des grands groupes peut être un frein pour poser des questions, car il y a la peur du jugement. La création de sous-groupes animés par des auxiliaires pour commenter une lecture ou débattre d’une théorie devient alors intéressante. Il faut également veiller à l’uniformité des corrections tant des travaux que des examens par les auxiliaires. À son avis, il n’en demeure pas moins que des avenues captivantes sont possibles pour un enseignement à de grands groupes satisfaisant, rappelant que l’enseignement est une composante essentielle de l’université.

C’est donc une invitation qu’Alecsandre Sauvé-Lacoursière lance au corps professoral. Il ne faut pas avoir peur d’essayer de nouvelles méthodes pédagogiques, car une présentation PowerPoint seule n’est pas vraiment suffisante et attrayante pour inciter la présence au cours.

Derniers mots…

De belles convergences se dégagent dans les témoignages recueillis. L’enseignement à de grands groupes nécessite une structure plus claire, notamment pour l’information diffusée. De plus, afin de susciter une participation plus significative des étudiants et étudiantes, le travail en sous-groupes devient un élément clé d’où le rôle important des auxiliaires. La dimension ludique des activités proposées demeure aussi un atout.

Bref, selon ces témoignages recueillis, l’enseignement en grand groupe peut être une expérience satisfaisante pour le corps professoral si chacun veille à demeurer soi-même et à faire preuve de créativité. L’expérience d’apprentissage des étudiants et étudiantes peut par conséquent l’être aussi.

Crédits photo

  1. Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal
  2. Faculté des arts et sciences
  3. Sonja Mitchell
  4. Agence Voltaic